Mère Cécilia

Publié le par Glopf

« On ne m'empêchera jamais d'essayer de soulager la misère du monde, dans quelque pays que ce soit » Serait-ce la dernière volonté d’un Abbé Pierre, combattant la mauvaise fortune d’hommes et de femmes jusqu’à sa mort ? Ou les paroles d’une Mère Thérésa, le don de soi et l’abnégation faits femme ? Ni l’un, ni l’autre, cher lecteur. Ces paroles sortent de la bouche rouge vermeil de Mme Cécilia Sarkozy, notre nouvelle First Lady, résidente de l’Elysée, présidente de l’Amicale des Anciens de l’Ecole de Fans, et accessoirement sauveuse du Monde !

Aidée en cela par son épuisant mari, un amour de Président – et sans poignées, s’il vous plaît – elle entend parcourir le monde pour combattre la souffrance, où qu’elle soit. Non mais, rendez-vous compte ?!  Elle a négocié « en tête-à-tête » la libération des infirmières bulgares avec le Colonel Kadhafi, truand d’Etat notoire, « en anglais et sans interprète » ! Néanmoins, ne comptez pas sur la Première Dame pour préciser au Parlement - vous savez, ce machin censé représenter la Nation - les tenants et aboutissants de son action. Elle préfère en réserver la primeur à la presse. Ainsi, dans une interview donnée au journal l’Est Républicain, Cécilia se défend d’avoir tenu un rôle particulier ; « chacun a le devoir de s'engager quand il le juge nécessaire. Là, je l'ai fait avec mon coeur et ma détermination. » nous avoue-t-elle. Sacré chaton !

Vous sentez bien, ami lecteur, que je suis passablement agacé par cette fumisterie diplomatique toute sarkozienne. C’est une noble intention que de vouloir mettre un coup de projecteur sur le sort de ces infirmières torturées et violées mais encore faut-il que la mise en lumière soit complètement désintéressée. N’est-ce pas, Monsieur Sarkozy ? A ce propos, félicitations: votre service de communication a bien bossé ; le sourire de votre épouse est comme toujours impeccable. Mais la manœuvre est là, évidente et grossière. Que l’évolution des relations internationales soit le fruit d’arrangements secrets, de négociations de l’ombre, ce n'est un secret pour personne. ‘Faut pas sortir de Sciences Po pour comprendre que les promesses économiques de l’Etat français appelaient à certaines concessions de la part de la Libye. Même si cela semble bien cruel, le jeu des nations est ainsi fait depuis des siècles. Mais à Cécilia, sans aucun complexe, de poursuivre : « Je ne sais pas comment ont procédé d'autres. Moi, je suis arrivée sur place en tant que femme, en tant que mère, sans forcément m'attarder sur la complexité des relations internationales, mais avec la ferme intention de sauver des vies. Le seul sujet que j'ai abordé avec les dirigeants libyens, c'est la tragédie humaine. Le colonel Kadhafi a eu en face de lui une femme  (…) » Et d'imaginer Kadhafi la larme à l'oeil... On croit rêver !

Au final, ce qui m’insupporte le plus, avec la mise en retrait des efforts réels déployés par d’autres pour aboutir à la libération des prisonniers, c’est cette « peopolisation » de la misère à marche forcée. Avec ses airs endimanchés et son brushing bien trop lisse, Cécilia me rappelle une certaine et très photogénique Diana Spencer, la Princesse du Coeur – morte il y a dix ans à Paris, dans un accident de voiture, le même jour quasiment que… Mère Thérésa. A l’image de sa célébrissime devancière, Cécilia nous assure que oui, du sourire Ultra-brite naissent les âmes charitables. Nous gaver chaque jour de ce miracle est un manque de respect. Mère Cécilia, ayez un peu de considération pour vos ouailles.

Publié dans Actu

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A
Et en échanges des infirmières, une magnifique centrale nucléaire clé-en-main, ne l'oublions pas. Quel prénom féminin rime avec CEA ?
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