La télé commande

Publié le par Glopf


Après la remise du rapport de la commission Copé sur la modernisation de l’audiovisuel public français, notre Président a présenté les mesures de sa politique audiovisuelle. Une en particulier a secoué le petit monde politico-médiatique : la nomination du président de France Télévisions par le pouvoir exécutif. N’ayons pas peur des mots : notre président a une fois de plus mis les pieds dans le PAF ! Les professionnels de la profession et les élites intellectuelles ont en effet sévèrement critiqué ce qui s’apparente pour eux à un muselage peu habile de la télé par le Sarkoland. Que notre président soit le meilleur ami et parrain du fils du patron de TF1 passe encore – après tout qui pleurera le départ PPDA ? – par contre, qu’il souhaite faire de France Télévisions son nouveau joujou « peopolodémagogique », alors ça non ! On a ainsi pu lire, re-lire ou entendre la semaine dernière cette formule toute trouvée et lourde de menaces : «
le grand retour de l’ORTF »; ou la mise sous tutelle des libertés créatrices de notre télévision franchouillarde. Le mot propagande a même été lâché par des politiques amateurs de raccourcis… L’Empire contre-attaque ! Little Brother is really watching us ?!
D’abord, et ça on le passe sous silence bien des fois, télévision et politique ont toujours fait bon ménage ensemble. Dans un système démocratique de masse comme le nôtre, l’un sert les intérêts de l’autre et vice-versa : des émissions de débat où l’on sert la soupe remercient une légitimité démocratique défendue par les hommes en place. Les politiques aiment se voir à la TV; la TV aime se voir en politique. Ainsi les nominations du président du CSA et de France Télévisions ont toujours été des choix de pouvoir. Ce sont des postes dans lesquels les hommes en pleine lumière aiment à placer des collaborateurs de confiance, des hommes de l’ombre. « Sous François Mitterrand (par exemple), on se cachait derrière lui (le CSA) pour mieux imposer ses hommes. Demain, la nomination d'un professionnel sous le contrôle vigilant du Parlement et du CSA me semble de nature à rassurer vraiment. Cette décision sera sur la place publique. » Et c’est la ministre de la culture et de la communication, Mme Albanel, qui le dit ! A défaut de plaire, la démonstration est incontestable.
Alors, quelle importance que l’ORTF soit de retour ? Ceux qui espèrent encore dans l’avenir libertaire de la télé sont de doux naïfs ou d’indécrottables nostalgiques. La télévision est une cause perdue depuis des décennies. Quand cesseront-ils de nous faire croire que le service public audiovisuel français créé et diffuse sans entraves? Il est devenu lui aussi l
’alléchante vitrine de notre société de consommation boursouflée, un refuge confortable pour nos egos insatiables, le lieu zéro du débat, bref pour reprendre le mot de Jean d’Ormesson : « un cirque ! ». A mon sens, le véritable défi aujourd’hui, c’est le net, ce média sans médiateur qui s’est imposé comme le premier vrai lieu de débat participatif à l’échelle mondiale. Là est le potentiel, là est l’avenir du citoyen, avec ses risques mais aussi ses promesses. Oubliez la télé : elle ne commande plus rien !

Publié dans Polémique

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