Des visages des figures

Publié le par Glopf

Temps de crise financière oblige, depuis quelques jours, se succèdent à la une de nos journaux et magazines les visages défaits de ces fameux traders. Hier triomphants, ivres de stress et de pouvoir, on les découvre aujourd'hui graves et tristes face aux tableaux des cotations. Leur maman réconfortante sur une ligne, sans doute, leur chef de service éructant dans l'autre, ils ont le sourire gris et les larmes aux yeux. Certains, adossés à Wall Street, prennant leurs têtes entre les mains, ferment les yeux pour oublier ces moments de cauchemar. C'est ainsi: le trader larmoyant à la cravate défaite, dépassé par les cotations, anéanti par ses investissements, est devenu emblématique de cette période venteuse que traversent les bourses du monde entier. A la fermeture des marchés, l'inquiétude grandit: l'un se demande s'il ne va pas subir une baisse conséquente de son salaire indécent; l'autre pense même revendre sa Porsche 911 et se rabattre sur une Audi. De durs sacrifices ! Mais une fois la machine relancée, les milliards réinjectés par les Etats, aucun de ces hommes ou de ces femmes aux manettes des marchés financiers n'aura bien sûr une seule pensée de compassion pour ces millions de personnes balayées par leur vision du profit à court terme et leurs investissements hasardeux: les petits propriétaires écrasés par leur dette contractée, les ouvriers débarqués, les vies de famille brisées au nom du Grand Capital. Des visages, des figures oubliés des journaux. Les vrais perdants. Nous.

Publié dans Polémique

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G
Merci pour vos commentaires !
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G
Aerobar : j'ai effectivement oublié cet aspect des choses. Sûr que certains d'entre eux doivent déjà vendre à Hollywood les droits de leurs mémoires!Flow :"ceux qui créé de la valeur à partir de rien" ?! je me permets de rectifier : "ceux qui font de l'argent à partir de... l'argent". Le rien économique n'existe pas ! La valeur ajoutée ne naît pas du néant. Les traders ne sont tout de même pas des dieux ! Cela étant dit, je ne remets pas en cause la spéculation boursière, nécessaire au bon fonctionnement du système capitaliste, mais son décrochement hallucinant avec ce qu'on a coutume de d'appeler "l'économie réelle". Le trader triomphant puis abattu me parait être le symbole fort de cette dérive, comme l'intermittent du spectacle au bonnet péruvien, celui d'une interrogation sur l'avenir de la culture en France...
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F
C'est trop facile, meme bien ecrit, de critiquer ceux qui crée de la valeur à partir de rien. les responsables de la crise sont les banques peu scrupuleuses qui ont prêté de l'argent à des personnes insolvables et qui se sont partagés les créances en portefeuilles à rendements variés. Le trader que je suis ne roule pas en Porsche, mais dans une Nissan sans ABS. Je subis la baisse des cours de plein fouet et m'arrache les cheveux sans en etre responsable. Je ne suis pas un spéculateur, je couvre mes achats par des ventes liées à différentes bourses de métaux à travers le monde (Shangai, Londre, NY). Mais je veux bien une Porsche quand memeFlow
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A
Ne nous leurrons pas ! Le droit à l'image fait qu'on ne peut pas photographier des traders sans leur autorisation, qui doit se monnayer cher en ce moment.Par ailleurs, les traders travaillent principalement sur les marchés dérivés, là où on peut gagner autant d'argent que ce soit baissier ou haussier.Bref, encore un bel exemple de la comédie des médias !
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